Dans le cadre de la série Estivale du Télégramme consacrée au futures figures de la culture bretonne, j’ai l’honneur d’avoir eu mon portrait dressé dans toutes les éditions du journal le 4/08/2023.

Ci-dessous, l’article de Gwenn Rastol

[Les nouveaux visages de la culture bretonne : 5/6] Simon Cojean aimerait bien que Yann Barthès ou Anne-Claire Coudray l’appellent pour passer à la télé. Même les deux en même temps, si ça peut arranger. En attendant, l’humoriste de Clohars-Carnoët, danseur au cercle de Kerfeunteun, prépare son spectacle et va sortir une BD dont il n’est pas tout à fait le héros.

« Déjà, merci de penser à un gars de 39 ans pour illustrer les jeunes visages de la culture bretonne ». Simon Cojean, source de déconnade éternelle. On pourrait jacter de sa série humoristique « Tu caozes-ti brezhoneg ? », coécrite avec Julien Strelzyck, et diffusée sur France 3 Bretagne, ou encore de son premier one man show « 100 % beurre salé », joué « 70 fois depuis sa création en 2017 », dans lequel il passe à la sulfateuse les clichés bretons. Mais en fait, on va laisser Simon crocher dedans, parce que le garçon a du goût avec lui, et qu’il a bien « ruzé ses pieds » dans les spectacles et sur les scènes de danse.

 

Info : Simon Cojean ne signera pas au Real Madrid. Certain.

« J‘ai 8 ans. Je sais que Saint-Caradec, c’est dans le sud des côtes du Nord, je sais qu’il y a une ville immense un peu au nord qui s’appelle Saint-Brieuc et ça, je le sais parce que c’est juste avant Saint-Caradec dans l’annuaire et qu’il y a beaucoup beaucoup plus de pages que pour Saint-Caradec, qui en a à peine une. » Simon rêve, mais pas de stades en furie clamant son nom quand il court derrière un ballon. « Le foot, pour moi, à l‘époque, ça se résumait à attendre qu’on me passe le ballon, en short sous la pluie. Du coup, je ramassais les vers de terre et ensuite j’étais obligé de laver mes chaussures à crampons au robinet du pignon de la maison. » L’ennui, c’est que Simon n’a pas 10 000 options devant lui. « Mes parents étaient dans une asso de danse bretonne. À 8 ans, j’étais inscrit… »

 

Simon ne sera pas non plus danseur étoile, mais c’est quand même bien

Le ciel ne s’ouvre pas au-dessus de Simon pour le baigner dans la lumière des dieux de la danse. « J‘étais pas un bon danseur, j’étais même un gamin qui s’en foutait pas mal, mais il y avait des filles. Je vais pas dire que c’était tous les jours facile au collège. Mais j’ai continué et ça m’a plu, et j’ai commencé à être bon. Pas bon genre champion. Non. Bon, genre : j’arrive à dissocier le haut du corps et le bas du corps. »

 

Ma première scène, c’était la salle de classe. J’étais insupportable, mais jamais méchant. J’avais juste l’envie de faire rire

Quand il ne danse pas en rond, Simon fait tourner ses profs en bourrique. « Ma première scène, c’était la salle de classe. J’étais insupportable, mais jamais méchant. J’avais juste l’envie de faire rire. J’ai d’ailleurs revu des profs à mes spectacles. Ils ne m’en voulaient pas, ils trouvaient que c’était évident ».

 

Sa première captation a dépassé le million de vues

« J’ai juste la trentaine, mon BTS Tourisme est loin. J’en ai marre de faire visiter le mont Saint-Michel, un cadre magnifique : je me dis qu’il y a un truc pas normal. Je sors du monde de l’animation et des villages vacances, et je vais jouer une version bouse beta de mon futur spectacle devant le public de Saint-Caradec. Pas assez écrit, pas assez de mises en situation. Je ne suis pas fier. Mais les retours ne sont pas si mauvais… »

« J’ai 33 ans à présent. Je fais le tour de la Bretagne, 2 000 bornes à vélo avec mon pote Sébastien Chambres, qui va devenir le metteur en scène de mon spectacle. On joue gratuitement dans 14 communes, dans des petites salles, parfois devant 25 personnes, sur cinq départements, en reliant quatre festivals ». En selle.

« J’ai 35 ans, et il se passe quelque chose d’extraordinaire, au concours d’humour à Plougastel. Je fais un numéro autour de la gavotte, qui est capté. En une semaine, on dépasse les 500 000 vues. Et on vient de passer le million. » Tout ça, grâce à la danse. « Je suis depuis 11 ans au cercle de Kerfeunteun (17 titres de champion de Bretagne au compteur) et ça me plaît toujours autant. »

 

Aux sources de la danse du petit doigt

« J’ai 39 ans. C’est maintenant. Je me lance dans une quête pour savoir pourquoi on danse en Bretagne. Bon, je ne vais pas me taper tous les bouquins. Et puis, plus on sait, plus on se rend compte qu’on ne sait pas. » Le titre de ce nouveau spectacle, coproduit par la confédération Kenleur, glisse vers La Grande Révélation : « La danse bretonne n’existe pas. »

Le temps passe vite, quand on a un bébé

« Je veux le jouer dans l’Aveyron et dans la Creuse, devant des gens qui ne savent pas de quoi je parle. Je me suis inspiré du spectacle d’Alexandre Astier, l’Exoconférence, en me disant qu’on ressort de là beaucoup moins con. J’espère le jouer dans quelques mois. Le temps passe vite, quand on a un bébé. » D’ici là, et entre deux couches, Simon trouvera le temps de participer au spectacle Cœur de Bretagne, qui doit notamment se produire le 15 août à Concarneau. Et puis, il y aura la BD qui revient sur son spectacle 100 % beurre salé, « la première de Coop Breizh et la première de Thierry Fagot, un dessinateur de Pont-Aven… Le matériel, c’est la Bretagne, sa musique et son histoire. C’est tiré de mon spectacle mais on marche dans les pas de Monique, guide enthousiaste au musée de la musique bretonne… Ça sort en mars. »

On aurait aussi aimé parler de sa rentrée avec les troisièmes du collège de Baud autour d’un (autre) spectacle sur la danse bretonne, ou du doublage d’Astérix en Gallo – « Je fais les voix de César et d’Abraracourcix » – mais on est déjà hors-jeu.